L'UE centralise la cybersécurité : nouvelles règles pour Huawei et ZTE

Par: Russell Thompson | 10.11.2025, 21:12
UE contre Chine : début du conflit technologique ? L'UE a déclaré une guerre froide aux technologies chinoises. Source: AI

La Commission européenne prépare des mesures radicales contre les géants chinois des télécommunications Huawei et ZTE. Selon les sources de Bloomberg, Bruxelles envisage de contraindre juridiquement tous les pays de l'Union européenne à progressivement se passer de l'équipement de ces entreprises dans les réseaux de téléphonie mobile et d'internet.

Ce que l'on sait

Il s'agit de transformer l'ancienne recommandation de l'UE de 2020 - "ne pas utiliser les fournisseurs à haut risque" - en norme obligatoire, ce qui représenterait une étape importante vers la centralisation du contrôle de la cybersécurité au sein de l'Union.

Selon la vice-présidente de la Commission européenne Henna Virkkunen, cette initiative vise à "augmenter l'indépendance technologique et la protection des infrastructures stratégiques". Si le plan est approuvé, les gouvernements nationaux perdront la possibilité de décider par eux-mêmes s'ils doivent utiliser du matériel chinois pour le développement des réseaux 5G et de fibre optique.

Une attention particulière est accordée aux fournitures d'équipements pour les réseaux 5G et de fibre optique, où les entreprises chinoises conservent de fortes positions grâce à des prix bas et une rapide mise en œuvre. Cependant, les fonctionnaires de l'UE y voient une menace : selon eux, les liens étroits de Huawei et ZTE avec Pékin peuvent mettre en danger la sécurité nationale des États membres.

Parallèlement, la Commission européenne prévoit d'introduire des restrictions financières sur les projets en dehors de l'UE utilisant des équipements Huawei. Par exemple, les pays recevant des subventions de la part du programme Global Gateway pourraient se voir refuser le financement s'ils achètent des composants chinois.

Le marché financier a réagi instantanément : les actions de Nokia ont augmenté de plus de 5%, celles d'Ericsson de presque 4%. Cependant, pour les opérateurs de télécommunications, une interdiction possible signifie des coûts accrus, car les solutions chinoises sont traditionnellement moins chères que leurs équivalents occidentaux.

Si l'initiative de Virkkunen est adoptée, l'Union européenne harmonisera en fait sa politique avec celle des États-Unis contre la Chine, que l'administration de Donald Trump continue de mettre en œuvre avec vigueur. Washington cherche depuis plusieurs années à éliminer complètement Huawei de ses réseaux nationaux et incite ses alliés de l'OTAN et de l'UE à suivre cet exemple.

Ce pas fait partie d'une stratégie plus large visant à réduire la dépendance technologique de l'Occident envers la Chine et à protéger les infrastructures critiques contre les risques potentiels.

Source : Bloomberg