Commandos : Origins promettait de nous ramener à une époque où le jeu nécessitait un plan, de la patience et du sang-froid. Mais beaucoup de choses ont changé en vingt ans. Non seulement dans le monde, mais aussi chez les joueurs, dans les consoles, dans la façon dont nous percevons la complexité, le contrôle et même la stratégie. La question n'est donc pas de savoir si vous allez survivre à cette guerre. La question est : pouvez-vous survivre à la bataille avec une caméra, une interface et un soupçon d'histoire qui veut, mais ne peut pas toujours ?
Avance rapide
- Six ombres qui ont façonné le genre RTT
- Les mêmes commandos avant qu'ils ne deviennent des légendes
- Un plan, une carte, 17 tentatives : comment fonctionne le gameplay de Commandos : Origins ?
- La mission devient plus difficile : des problèmes, des bugs et des choses qui vous font soupirer
- A qui s'adresse Commandos : Origins ?
Six ombres qui ont façonné le genre RTT
Si vous n'avez pas connu l'époque où Commandos était lancé à partir d'un CD et où chaque mission commençait par les mots "Ça va être difficile", voici un cours accéléré pour les jeunes commandos : cette série est un pionnier du genre de la stratégie tactique en temps réel (RTT), où le joueur ne se contente pas de contrôler des soldats, mais construit un scénario de survie dans des conditions où un pas de plus est synonyme d'échec.

Les graphismes de Commandos : Behind Enemy Lines sont excellents pour 1998. Illustration : Steam
Commandos n'est pas un jeu de tir. Il s'agissait d'analyser les patrouilles, de mémoriser les lignes de vue, les distractions, de contourner l'arrière et de s'échapper jusqu'à son dernier souffle.
C'était un puzzle déguisé en opération militaire.
Et c'est pour cela que les joueurs en sont tombés amoureux. Le premier jeu est sorti en 1998. Il y a eu des suites, des extensions, et même une tentative en 3D (Commandos : Strike Force), qu'il vaut mieux oublier, comme une opération spéciale qui a échoué lors d'un briefing. Après cela, la série est restée silencieuse pendant près de deux décennies.
Tout a changé en 2018, lorsque l'éditeur allemand Kalypso Media a acheté les droits de la série. Il s'agit du même Kalypso qui a publié des jeux tels que Tropico, Disciples et Railway Empire. Lorsque les représentants de l'éditeur ont publié une déclaration : "Nous allons ramener les Commandos !", les joueurs ont eu peur.
En effet, de telles promesses aboutissent souvent à un jeu mobile ou à un remake occasionnel simplifié au niveau d'une calculatrice.
Mais Kalypso a adopté une approche différente : en 2020, elle a créé un studio distinct, Claymore Game Studios, spécialement pour Commandos. D'ailleurs, il porte le nom de la grande épée écossaise (elle a été reprise dans le logo du studio), et la fameuse mine antipersonnel porte aussi ce nom - et c'est symbolique. Car cette équipe ne s'est pas attaquée à un remaster, mais à un nouveau jeu, avec un redémarrage complet sur des rails modernes. Claymore est une nouvelle équipe avec des ambitions : des graphismes modernes, un respect maximum de l'original, du co-op, un nouveau moteur(Unreal Engine 5), et en même temps une tentative de préserver l'essence.
Les mêmes commandos, avant qu'ils ne deviennent des légendes
Commandos : Origins est un prequel. Et si vous avez pensé : "Oh, cool, je vais enfin découvrir comment ils sont devenus une équipe", alors oui, vous le découvrirez. Mais ne vous attendez pas à un long drame militaire avec des flashbacks et des larmes sous la pluie. Tout ici est présenté par le biais de missions, de dialogues et d'une immersion progressive, et non par des cutscenes de 20 minutes.
Le jeu se déroule dans les premières années de la Seconde Guerre mondiale, avant que le béret vert ne devienne béret vert et que le tireur d'élite ne fasse son premier "one shot, one kill". La géographie des missions est vaste : des châteaux et fortifications d'Europe occidentale aux déserts d'Afrique du Nord.


















En termes d'intrigue, il s'agit de l'histoire de la formation de la même équipe que celle dont nous nous souvenons depuis la fin des années 90. Mais aujourd'hui, chaque personnage fait l'objet de plus d'attention. Il n'y a que six commandos, et ils sont aussi différents que le jour et la nuit :
- Lebéret vert Jack O'Hara est un homme lourd et silencieux, qui tranche mieux avec un couteau que les diplomates ne le font avec des mots. Il n'a pas besoin qu'on lui apprenne à se battre.
- Letireur d'élite Sir Francis T. Woolridge est un aristocrate britannique doté d'un fusil et d'une attitude sarcastique.
- Le chauffeur, Sid Perkins, est un homme de caractère, un dieu au volant d'un camion. Sur le champ de bataille, il l'est un peu moins.
- Le marine James Blackwood est un plongeur, une grenouille, un expert en eau et en couteau. Si la mission exige de nager, c'est son moment.
- Le sapeur Thomas Hancock - explosifs, mines, boum. Parfois, il réfléchit avant de faire exploser quelque chose. Parfois, il ne réfléchit pas.
- L'espion René Duchamp - un costume, de faux documents, du poison. Et peut-être le moyen le plus efficace d'éviter un combat.
Chacun d'entre eux a ses propres outils, ses faiblesses et ses forces, et c'est ce qui forme la mosaïque du jeu. Origins ne se contente pas de les réunir, il vous donne l'occasion de voir comment ils sont devenus une équipe, même si c'est à travers l'exécution d'une autre mission de capture d'une station de radio plutôt que par une conversation à cœur ouvert autour d'un feu de camp.
Plan, carte, 17 tentatives : comment fonctionne le gameplay dans Commandos : Origins ?
Après quelques minutes dans Commandos : Origins, il devient clair qu'il ne s'agit pas d'un jeu d'action, ni d'un jeu de stratégie au sens classique du terme, et encore moins d'un jeu de tir. Il s'agit d'un jeu de puzzle tactique en temps réel dans lequel vous disposez de six personnages, de plusieurs dizaines de nazis et d'une mission : tout accomplir sans que personne ne vous entende, ne vous voie ou ne survive (sauf vous).
Chaque mission est un bac à sable fermé avec une tâche fixe : faire sauter un pont, libérer des prisonniers, faire exploser une station radar, détruire des équipements, voler des informations, évacuer. Souvent, tout cela en même temps.








En général, Commandos : Origins est une tentative de faire un classique adapté au joueur moderne, mais sans tout repeindre en un jeu "casual". Au total, j'ai compté cinq différences entre le jeu et ses prédécesseurs cultes :
Co-op - pour la première fois dans l'histoire de la série
La principale caractéristique mise en avant à chaque annonce est la coopération à deux joueurs. Le jeu permet de diviser l'équipe et chaque joueur contrôle son propre personnage, en local ou en ligne. D'une part, cela ajoute du dynamisme : l'action synchronisée est désormais un partenariat vivant. Mais d'un autre côté, toutes les missions ne sont pas adaptées au mode coopératif, et si l'un des joueurs est un peu hors du coup, l'autre fait simplement tout le travail lui-même.
Le travail d'équipe en action (Mode Commandement 2.0)
Vous avez six commandos, et chacun a ses propres capacités, ses propres outils, son propre style. Il ne s'agit pas de personnages qui tirent un peu plus fort que les autres. Non. Ici, le béret vert ne peut pas nager, et l'espion ne peut pas se battre, et si vous oubliez ce détail, vous devrez charger une sauvegarde.
Le travail d'équipe est la clé du succès. Vous devez souvent synchroniser les actions de plusieurs personnages à la fois : Un tireur d'élite élimine un garde sur une tour tandis qu'un espion passe un point de contrôle dans un uniforme ennemi et qu'un marine nage dans la rivière pour miner un bateau. Il ne s'agit pas d'une fiction, mais d'une mission typique.
Pour rendre cela possible, le jeu dispose d'un nouveau mode de commandement, un mécanisme qui vous permet de programmer les actions de plusieurs personnages et de les exécuter simultanément. Ce n'est pas vraiment une nouveauté, mais il a bénéficié d'une amélioration significative : une interface pratique, la possibilité de voir exactement ce que chaque personnage va faire en même temps, et d'exécuter toutes les actions simultanément. En d'autres termes, vous pouvez organiser un hold-up simultané sur trois gardes sans vous fatiguer.

Travail d'équipe entre un béret vert et un marine. Illustration : Kalypso
Un nouveau décor : nouveau moteur et verticalité
Le jeu a été créé sur Unreal Engine 5, et cela se voit. L'éclairage, les détails, les nouvelles textures - tout est devenu plus agréable visuellement, bien que parfois instable. De plus, il y a un nouveau niveau de verticalité : les toits, les balcons, les plateformes - maintenant vous pouvez et devez utiliser la hauteur comme un avantage tactique. Cela fonctionne particulièrement bien avec un sniper ou un Marine.
Nouvel inventaire : plus simple mais plus pauvre
Dans les versions classiques, chaque personnage avait son propre inventaire - il fallait tout porter, le faire circuler, compter les munitions et diviser les couteaux. Dans Origins, cela a été grandement simplifié : les objets clés sont désormais intégrés à l'interface du personnage, et il n'est plus nécessaire de les gérer. C'est certainement pratique pour les nouveaux venus, mais la flexibilité manque aux fans.

Les éléments clés sont désormais intégrés à l'interface du personnage. Illustration : Kalypso
Plus d'indices - plus de joueurs ?
Les ennemis affichent désormais non seulement les cônes de vision, mais aussi les zones où ils peuvent entendre des bruits. Pour certains, il s'agit d'une simplification, pour d'autres d'une commodité qui réduit la frustration. C'est le cas lorsque le jeu choisit d'être accessible plutôt qu'intransigeant. Et c'est en fait la bonne chose à faire. Du moins, jusqu'à ce que vous jouiez au maximum.

Les ennemis n'affichent plus seulement des cônes de vision, mais aussi des zones où ils peuvent entendre des bruits. Illustration : Kalypso
La mission devient de plus en plus difficile : problèmes, bugs et choses qui font soupirer
Commandos : Origins ne peut pas être qualifié de jeu défectueux - ce n'est pas un désastre de type "le jeu ne démarre pas". Mais il présente un certain nombre de défauts qui font que chaque opération ressemble à une mission de combat, non seulement pour les personnages, mais aussi pour le joueur. Formellement, tout fonctionne. Mais parfois, vous voulez juste que ça marche mieux.
Commandos : Origins ressemble à une opération spéciale bien planifiée, mais pour laquelle on a oublié d'apporter des piles pour les jumelles.
La manette de jeu : le principal ennemi de la mission
Sérieusement, s'il y a un véritable antagoniste dans le jeu, ce sont les contrôles sur les consoles. Commandos : Origins tente de transposer les tactiques de la souris et des touches sur le gamepad, et ça tourne... bien... dans le style "appuyer sur cinq boutons pour lancer un caillou dans le mauvais sens". L'interface, qui fonctionne rapidement et clairement sur PC, se transforme en un puzzle de combinaisons sur un gamepad, où il est parfois plus facile de redémarrer une mission que de se rappeler comment assigner les actions en mode commandement.

Sur PC, tout fonctionne rapidement et clairement. Illustration : Kalypso
Les bogues - pas mortels, mais gênants
La plupart des problèmes ont déjà été partiellement corrigés, mais la trace demeure. Surtout pour ceux qui ont joué dans les premiers jours. Au début, il y avait des problèmes avec :
- des personnages qui restaient coincés dans des portes ;
- des patrouilles ennemies au comportement inadapté (soit super attentives, soit complètement aveugles) ;
- des animations qui abandonnent soudainement la réalité ;
- disparition d'objets ou de personnages après des sessions de coopération.
Interface avec un soupçon de claustrophobie
Oui, c'est minimaliste. Oui, c'est pratique au premier abord. Mais lors des missions plus difficiles, elle commence à devenir agaçante. Parfois, on ne voit pas ce qui est sélectionné, et parfois on doit réassigner manuellement des actions que le jeu aurait pu gérer intuitivement. C'est particulièrement pénible lorsque tout est réduit à une seconde de timing et que votre personnage ramasse une flasque au lieu d'un couteau.

L'interface minimaliste devient gênante lors des missions les plus difficiles. Illustration : Kalypso
Une coopération qui fonctionne... presque
Le mode en ligne est une fonctionnalité intéressante. Mais il a ses propres nuances. Techniquement, tout fonctionne, mais émotionnellement, ce n'est pas le cas. Surtout si vous et un ami décidez de jouer "sur le chili". Par exemple, la répartition des personnages n'est pas toujours pratique (surtout si l'un des joueurs connaît le jeu et que l'autre vient d'y entrer). La synchronisation des actions peut être maladroite. Après avoir perdu le contact avec un ami, vous verrez apparaître un message disant : "Salut, j'ai fait une sauvegarde automatique il y a une demi-heure".
La sensation d'humidité
D'une manière générale, on a l'impression que le jeu est sorti avec un demi-pas d'avance. Ce n'est pas critique, mais la finition n'est pas son point fort. Et dans un jeu où chaque pixel d'un patrouilleur compte, c'est une perte difficilement pardonnable.
À qui s'adresse Commandos : Origins ?
Commandos : Origins est un jeu qui ne demande pas grand-chose : de l'attention, de la patience et un peu de respect pour le processus. Mais il donne aussi beaucoup. Si vous êtes prêt pour un rythme lent, des actions précises et quelques défaites avant la victoire, ce jeu vous conviendra. Dans le cas contraire, il vaut peut-être mieux rester à l'arrière.

"J'aime regarder brûler. Illustration : Kalypso
Vétérans, soyez patients - Si vous avez joué à Commandos : Behind Enemy Lines, Men of Courage et Beyond the Call of Duty, si vous vous souvenez des zones de vue et des cadavres traînés clic après clic, ce jeu est fait pour vous. Vous aurez l'impression que le monde est redevenu normal : sauvegarde rapide, chargement rapide, rejouer, planifier, gagner. Toutefois, il convient de noter que certaines fonctionnalités ont été supprimées (ancien inventaire, précision hardcore), et que le gameplay a été adapté au joueur moderne. Par conséquent, vous ne retrouverez pas à 100 % les mêmes sensations. Mais il y aura un arrière-goût familier.
Pour les nouveaux venus, si vous êtes prêts à réfléchir, Commandos n'est pas un jeu de détente. C'est un jeu d'attente, d'analyse et de logique froide. Et si vous avez grandi avec Call of Duty ou que vous associez le mot "tactique" à quickscope, vous devrez vous y habituer. Mais la bonne nouvelle, c'est que Origins vous permet d'entrer progressivement dans le jeu. La campagne ne vous jette pas directement en enfer, il y a des repères visuels et les mécanismes sont logiques. Il faut juste réfléchir. Et faire des erreurs. Beaucoup.
Joueurs en coop si vous avez confiance en votre partenaire. La coopération est toujours cool, mais seulement si vous et votre ami avez la même alchimie de jeu. Si l'un d'entre vous a l'habitude de défoncer des portes avec son pied et que l'autre attend le moment parfait pendant une demi-heure, au bout de 30 minutes, vous ne remporterez pas une victoire commune, mais une guerre froide. La coopération fonctionne ici, mais ce n'est pas "ha-ha, jouons". C'est "attentif, coordonné, silencieux et meilleur avec un micro".
Un mot d' avertissementpour les joueurs équipés d'une manette de jeu. Si vous jouez sur une Xbox ou une PlayStation, sachez que ce jeu ne s'adresse pas à vous, mais au joueur au clavier. Le gamepad fonctionne ici, mais on a parfois l'impression qu'il a été ajouté après tout le reste. Planifier des actions, passer d'un personnage à l'autre, se positionner avec précision, tout cela demande de la précision, ce que le gamepad ne permet pas. Si vous êtes masochiste, vous pouvez l'utiliser. Si vous recherchez le confort, abstenez-vous.
5 raisons de s'intéresser à Commandos : Origins
- Le retour de la série culte qui a façonné le genre de la stratégie tactique en temps réel.
- Chaque mission est une énigme qu'il est agréable de résoudre, même pour la trentième fois.
- Mécanismes d'équipe avec six personnages uniques - comme des outils distincts dans un couteau suisse
- Lemode commandement et le mode coopératif vous permettent d'organiser un véritable ballet furtif.
- Nouveaux graphismes, verticalité et détails des lieux qui prennent vie.
5 raisons pour lesquelles Commandos : Origins ne doit pas être laissé de côté
- Le gamepad est une plaie. Sérieusement, ne vous y aventurez pas sans souris.
- Les bugs et le manque de rigueur technique au début peuvent gâcher la première impression.
- L'interfacen'est pas toujours intuitive, surtout dans les moments de tension
- La coopération est instable et nécessite un bon partenaire et une patience à toute épreuve.
- Le jeu est lent et réfléchi, si vous attendez de la dynamique, vous vous ennuierez.
Pour ceux qui veulent en savoir plus
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